J’inaugure une nouvelle rubrique. J’aurais pu l’appeler « échos d’actualité » mais ma préférence s’est tournée vers ce « flashback » plus rétro, moins sérieux, processus qui de plus révèle assez bien ce qui se passe dans ma tête lorsque l’actualité rapporte d’un lieu que j’ai traversé ou habité des histoires, des images, des horreurs qui évidemment ne sont qu’une petite partie de ce tout qui nous échappe mais qui, trop souvent, voile les lieux d’un linceul mortuaire pour des années.
C’est
pour échapper à cette sombre actualité et donner à voir autre chose, la part
rieuse, que je choisis, en écho aux exactions de Boko Haram contre les
populations civiles et notamment les jeunes filles du Nord du Nigeria, une
série de photos réalisée en mai 2008 dans une école secondaire.
Nous étions
venus réaliser un documentaire sur l’éducation des filles ; les jeunes
filles avaient travaillé avec leur enseignante une pièce de théâtre qui reflétait
les pesanteurs sociales auxquelles elles devaient faire face pour imposer leur désir,
leur besoin d’école. La caméra avait continué de tourner après la pièce lorsqu’un
ballon avait été lancé à proximité du groupe, les jeunes filles s’en étaient avidement
emparé et avaient alors dans leur tenue si peu avenante pour les activités
sportives, entamé le plus improbable match de foot que je n’ai jamais vu.
Enceinte
d’Aziyadée cette journée était l’une des dernières que je passais dans les écoles
de l’Etat de Kano avant de rejoindre la France et de m’envoler par la suite au Yémen.
Elle est de celles dont j’ai bonheur à me souvenir et que je porte dans ma mémoire
comme un gris-gris contre la violence de Boko Haram. Les filles sont des garçons
comme les autres.
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